Zabuza Momochi, le Démon qui apprit à pleurer

Né dans le brouillard et le sang, Zabuza Momochi fut façonné par la cruauté de son époque. Dans le “Village du Brouillard Sanglant”, on apprenait à tuer avant d’apprendre à vivre. Et lui, l’enfant sans nom ni pitié, fut celui qui brisa l’épreuve — non pas en la surpassant, mais en l’anéantissant. Là où d’autres hésitaient à frapper, il trancha sans remords, massacrant ses camarades avant même d’obtenir le titre de ninja. Ce jour-là, la Brume enfanta un démon.

Zabuza grandit avec l’idée que la force seule donnait un sens à l’existence. Son cœur, vidé d’émotion, se fit arme. Il maniait la lame Kubikiribôchô comme une extension de son âme mutilée, tranchant la vie avec la même indifférence qu’un souffle de vent. Et pourtant, le destin — ce vieil ironiste — plaça sur sa route un enfant nommé Haku, reflet inversé de lui-même.

Haku était la pureté blessée, l’innocence rejetée par le monde. En lui, Zabuza vit d’abord une utilité, un outil parfait, forgé pour servir. Mais sous le regard calme de ce garçon sans haine, le démon sentit pour la première fois le poids de son propre vide.

Quand Haku se sacrifia pour le protéger, Zabuza voulut encore se convaincre que ce n’était qu’un pion tombé au combat. Pourtant, les larmes qu’il versa furent la preuve que son humanité, longtemps ensevelie sous la brume, n’avait jamais tout à fait disparu. Dans ses derniers instants, il reconnut sa faute : avoir cru que les ninjas n’étaient que des armes, et non des êtres capables d’aimer. Alors, sans bras, sans espoir, il marcha dans le sang vers sa rédemption, abattant Gatô dans un dernier éclat de rage et de justice.

Zabuza mourut comme il avait vécu — dans la violence — mais pour la première fois, non pas comme un démon, mais comme un homme. Il demanda à être déposé auprès de Haku, pour voir encore une fois ce visage qui lui avait rappelé que même au cœur du brouillard, il reste des âmes capables de lumière.