My hero academia | Todoroki Touya

Il était une fois un enfant fait de braises et de prières, né dans l’ombre colossale d’un père qui confondait amour et fournaise. Toya brûlait — oh, comme il brûlait ! — non pas pour éclairer, mais pour qu’on daigne enfin poser les yeux sur lui. « Regarde-moi, » imploraient ses flammes rouges, « dis-moi que je vaux plus que la suie de tes ambitions. » Mais le monde, et surtout son père, ne voyait en lui qu’une torche mal fabriquée, un feu trop vif pour un corps trop fragile. Alors il s’est consumé à petit feu, littéralement, jusqu’à ce que ses cheveux, jadis écarlates comme l’aube, blanchissent sous le poids d’un destin qui lui avait tourné le dos.

Il jouait encore avec ses frères quand la cruauté des grands lui vola son rire. « Pourquoi je suis né ? » murmura-t-il un soir à Shoto, son petit frère, comme si la réponse pouvait apaiser l’incendie qui le dévorait de l’intérieur. Mais les enfants ne sont que des miroirs : ils reflètent les attentes qu’on projette sur eux. Et Toya, lui, n’a jamais vu que le reflet d’un échec dans les yeux d’Endeavor.

Un jour, las d’attendre qu’on l’aime, il a laissé le feu gagner. Sekoto Peak n’a été que le bûcher de son enfance — un autodafé où se sont consumés ses rêves, ses pleurs, et cette question sans réponse : « Suis-je assez ? » Officiellement, il est mort ce jour-là. Officieusement, il est devenu Dabi, un spectre aux allures de crématorium ambulant, un nom qui sent la cendre et les regrets trop tardifs.

Aujourd’hui, il erre, vêtu de froideur et de sarcasme, les cheveux blancs comme un linceul précoce. Il n’est plus le fils, ni le frère, ni l’espoir déçu. Il est ce qu’il reste quand on a trop donné à ceux qui ne savaient pas recevoir : une flamme noire, une vengeance en marche, le rire amer de l’enfant qu’on a oublié d’éteindre avant qu’il ne réduise tout en cendres.

Et si, parfois, ses yeux trahissent une lueur de l’ancien Toya — celui qui courait après l’approbation comme après un papillon insaisissable —, elle se noie vite dans le bleu glacial de ses nouvelles flammes. « Vous vouliez un héros ? » semblent-elles chuchoter. « En voici un. Mais attention : les héros tragiques brûlent tout sur leur passage, y compris eux-mêmes. »

Il est la preuve vivante que certains feux ne s’éteignent jamais vraiment. Ils changent seulement de couleur.

L’Élégie du feu éteint

Je ne suis plus la flamme qui danse pour plaire. Je suis l’incendie qui consume ce qui m’a étouffé.”

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Kaiju no 8 | Kikoru Shinomiya